• Le Nationalisme par Jean-Marie Le Pen (novembre 1975)

     

       Ce texte écris par notre président a été publié dans un journal du Front National en novembre 1975.

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                         Le Nationalisme

     

    par Jean-Marie Le Pen

    Ancien député,

    Président du Front national

     

       Le concept de nationalisme est équivoque.

       Pour les uns, il se rattache à la théorie des nationalités chère aux libéraux du 19è siècle et au droit des peuples à disposer d’eux même qui en découlait.  Cette acception a connu un regain de faveur à l’occasion de la désintégration des empires coloniaux.

      Pour les autres, et particulièrement l’école nationaliste française qui emboîta le pas à Barrés, il ne s’agit pas là de nationalisme mais de nationalitarisme. Le nationalisme étant, dès lors, non le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais le droit des peuples, et même leur devoir, de rester eux-mêmes. A la conception de la nation-contrat, ils opposent celle du la nation-héritage.

       En effet, la nation n’est pas seulement l’addition des habitants vivants dans un pays à un moment donné, ni la somme de leurs intérêts particuliers ou immédiats, ni encore une société d’assurances mutuelle.  Elle non confond pas non lus avec l’Etat qui ne peut en être que l’instrument.

       La Nation, c’est une communauté humaine prolongée au-delà de destins individuels de ses membres, une personnalité morale et spirituelle qui s’est constituée à travers les siècles grâce au travail, au sacrifice, à la solidarité  des générations successives, liées par des affinités de sang et d’esprit, et en laquelle est attribué une action spécifique dans l’histoire de l’humanité.        

      C’est, selon l’admirable formule de Renan, une âme, un principe spirituel. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent. Avoir fait de grande choses ensemble, vouloir en faire encore ; voilà les conditions essentielles, selon lui, pour être un peuples.

      La Nation, c’est encore le plus vaste des cercles de communauté sociale qui, au temporel, soit solide et complet, le couronnement d’un édifice politique dont les familles sont les piliers irremplaçables.

      Mais les nations sont mortelles même si, comme la France, elles sont fortes d’une histoire millénaire. Elles peuvent se défaire si les causes d’amitié et d’union deviennent inférieures à celles d’inimité et de division. Elles peuvent être minés de l’intérieur par la décadence des mœurs, l’abandon de la discipline collectives, la régression du leur élan vital, l’amoindrissement de  leur potentiel démographique.

       Elles peuvent perdre jusqu’ à leur volonté d’être l’ensemble des lois destinés à défendre la Nation des périls, à assurer sa sauvegarde et sa bonne marche en toutes circonstances.

       L’intérêt national constitue la doctrine du nationalisme. Le nationalisme part d’une observation scientifique: la société n’est pas soumise à la fantaisie de ses volontés, mais à des lois positives qu’il ne s’agit pas d’élaborer mais de découvrir.

      L’étude du passé historique des nations permet de constater que leur naissance, leur vie et leur mort obéissent à des constantes, et qui il existe une biologie politique  avec ses règles impératives, ses accidents, ses maladies, ses guérissons. La nature ne crée pas la société à partir des individus, mais les individus à partir de la société.

      Tout l’effort de l’humanité dans ces luttes pour l’existence a tendu à constituer des organes de durée grâce  auxquels chaque génération n’est contraint à un éternel recommencement.

      Le nationalisme rejette comme utopique l’idée que la Nation puisse être une association volontaire d’individus. L’homme est largement déterminé dès avant sa naissance par son hérédité. A peine né, il ne peut survivre qu’entouré, défendu, nourri, éduqué au sein d’une institution qu’il n’a pas loisir de choisir mais dont il attend tout :  la famille.

      On ne saurait trop admirer, écrit Maurras, ce spectacle de hiérarchie absolument net. La famille, la commune, la région, le métier, la Nation, telles sont les communautés naturelles qui vont encadrer toute la vie de l’individu et lui permettre de bénéficier du trésor accumulé par les générations précédentes. La tradition n’étant pas la transmission de tout le passé, ni de n’importe quel passé, mais la transmission du beau et du vrai, plus encore la permanence dans le développement.

       Etre Nationaliste, c’est être conscient de cet inestimable bienfait, c’est être conscient de la dette que l’on contracte on le recevant à l’égard des générations futures. C’est avoir le soin et la supputation de l’avenir qui peut exiger le sacrifice d’un bien immédiat pour une sauvegarde ultérieure.

       Le citoyen, ni l’assemblée des citoyens n’ont le droit de disposer à leur gré d’une nation dont ils ne sont pas les propriétaires mais les usufruitiers.

       Etre Nationaliste, c’est être soucieux du sort matériel et moral du peuple, et singulièrement de sa partie la plus nombreuse et la plus pauvre.  Le nationalisme est intrinsèquement social,  mais il rejette la lutte des classes, ainsi qu’un égalitarisme aussi mensonger quand il s’agit des individus que quand il s’agit des nations.

       Etre Nationaliste, c’est aussi rechercher dans la coopération avec les autres nations et d’abord les nations sœurs de l’Europe et celles d’Occident, la réduction des tensions internationales.   C’est rechercher la plus grande indépendance nationale possible dans le respect de la différence des autres nations.

       La Nation Française est aujourd’hui menacée par le communisme et plus encore par la décadence de l’Occident. Le sentiment national s’affaiblit, et avec lui tous les principes qu’il sous-tend. La liberté, la prospérité, l’existence même des Français un tant que peuple ne survivraient pas à sa disparition. Il faut donc le restaurer et avec lui les principes d’un Etat National: autorité, hiérarchie, responsabilité, respect des libertés.

       Nous croyons qu’il n’y a pas de sens de l’histoire autre que celui que lui imprime la volonté des hommes.  Le système actuel, démagogue et aboulique, est incapable de s’opposer à la subversion puis à la submersion communiste. Seule pourrait le faire une réaction salvatrice de la Nation devant la mort ou l’esclavage qui la guette.

    Je crois que l’avenir de la France sera nationaliste.

     

    Jean-Marie Le Pen

     

     

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